Le Dr Jean-Louis Vincent et la Bio-éthique
1. Différences entre les systèmes opt-in et opt-out.
Quel est le système préféré?
Le législateur belge a opté pour le principe de l’ « opting out »
ou « qui ne dit mot, consent » (dans un système d’opting in,
le prélèvement d’organes n’est autorisé que si le donneur y
a expressément consenti). Le système d’opting out se base
sur le principe de la solidarité humaine : chacun est prêt à
céder des organes ou tissus après son décès, sauf s’il s’y est
formellement opposé de son vivant. La plupart des pays
européens ont adopté le même principe.
Concrètement, le système belge d’opting out signifie que
chacun est en principe un donneur potentiel, sauf s’il est
établi qu’une opposition a été exprimée.
2. La transplantation d’organes chez des patients
qui ne sont pas encore biologiquement morts est-elle
autorisée?
Le don d’organe, un vrai challenge éthique. Il est avant tout
important de souligner que la transplantation d’organe est
utile à la société.
3
Il faut séparer les dons d’organes vitaux des non-vitaux. Il
serait difficile de promouvoir une campagne de don de rein
ou d’une partie de foie à des personnes en bonne santé.
L’option qui vient naturellement à l’esprit est celle du don
d’organes en cas de ‘quasi mort cérébrale’. Parfois, tout
espoir de récupération d’une vie relationnelle est perdu,
mais le cerveau oedématié ne conduira pas à la mort
cérébrale par exemple lorsque le crane est éclaté (suite à un
accident ou un coup de feu), ou encore dans les cas où le
drainage continu du liquide céphalo-rachidien empêche
l’hypertension intracrânienne. Ou encore lors d’une
hémorragie intracérébrale massive.
Que faire en cas de mort non cérébrale ?
Une option qui est maintenant d’application dans une
dizaine de pays dont la Belgique pour les malades qui
arrivent irrémédiablement en fin de vie mais dont certains
organes sont suffisamment sains pour être transplantés.
La procédure sous-entend évidemment une totale
séparation entre les équipes de soins intensifs et les équipes
de transplantation, ainsi que l’assentiment explicite des
proches. On appelait initialement ces malades des ‘nonheart
beating donors’ (NHBD), sous-entendant que la
transplantation se faisait une fois le coeur arrêté. Dans
beaucoup de centres, on n’attend toutefois pas que la
perfusion des organes soit totalement interrompue, pour
garder la meilleure fonction possible des organes. Il est en
effet hypocrite d’attendre les bras croisés que le coeur soit
complètement arrêté, alors que c’est bien l’évolution
escomptée.
Aujourd’hui, le terme international est celui de DCD (le sigle
est un mauvais ami du français… prononcez DiCiCi), pour
‘Donation after Circulatory Death’, par opposition aux DBD
(Donation after Brain Death).
Le nombre de donneurs – près de 300 cas de mort cérébrale
par an en Belgique -, peut être plus que triplé.
Sur les plus de 100.000 décès annuels en Belgique, on
considère que près de la moitié ont lieu dans les hôpitaux, et
près de 20.000 en unités de soins intensifs. Dans la grande
majorité des cas, le don d’organes sera exclu en raison de
l’âge, de la défaillance d’organes et d’infections.
Toutefois, même si seulement 3-4% de ces morts
concernent des sujets relativement jeunes souffrant de
pathologies cérébrales majeures, ce nombre n’est pas
négligeable. Ces malades pourraient être donneurs
d’organes lors de l’arrêt du traitement actif.
Il s’agit de la classe 3 de la classification de Maastricht, c’està-
dire les morts programmées lors de l’arrêt thérapeutique.
Le nombre de donneurs – près de 300 cas de mort cérébrale
par an en Belgique -, peut être plus que triplé. Les Pays-Bas
sont le premier pays où le nombre de DCD a dépassé le
nombre de DBD ; on peut estimer que ce sera bientôt le cas
dans la majorité des pays européens.
L’option de DCD pourrait d’ailleurs s’appliquer aux cas
d’euthanasie demandée, si on exclut les personnes plus
âgées, les cas de cancer et de maladies potentiellement
contagieuses, quelque 10% pourraient donner leurs organes,
soit, si on enlève les cas de pathologies concernant l’organe
à transplanter (insuffisance rénale pour les reins, problème
respiratoire pour les poumons, etc. ) un total estimé par les
auteurs de 684 organes (400 reins, 179 poumons, 75 foies et
30 pancréas). Ceci pourrait couvrir la moitié des organes à
transplanter en Belgique.
La question n’est pas d’être ‘pour’ ou ‘contre’ ces
possibilités, mais d’en informer ouvertement les proches (ou
le mourant en cas d’euthanasie demandée), chaque fois que
le don d’organes peut être considéré. Pas question de
‘pousser’ au don, mais d’offrir la possibilité et de laisser
choisir. De ne pas laisser passer l’opportunité lorsqu’elle se
présente. De décider pour soi-même dans le but d’aider les
autres.
4
3. Quelle est la définition commune et
l’acceptation du statut de mort cérébrale?
La mort cérébrale est un stade, autrefois qualifié de « coma
dépassé », dans lequel le cerveau ne fonctionne plus.
Comme le cerveau contrôle de nombreuses fonctions
vitales, le patient ne peut plus respirer seul. Une respiration
artificielle peut permettre à la circulation sanguine
d’alimenter les organes.
Le coma est bien différent de la mort cérébrale car, dans le
coma, le sang continue à circuler dans le cerveau, ce qui
permet de maintenir certaines fonctions. La différence entre
coma et mort cérébrale est importante car seules les
personnes en état de mort cérébrale peuvent être
des donneurs d’organes. L’assistance technique est
maintenue sur des personnes en mort cérébrale susceptibles
de donner leurs organes afin de conserver ces derniers en
bon état.
Pour savoir si le patient est en état de mort cérébrale,
plusieurs tests sont effectués : absence d’activité musculaire
spontanée, pas de réflexe, pas de réaction à la douleur,
absence de respiration, électroencéphalogrammes montrant
l’absence d’activité électrique du cerveau
et angiographie (absence de circulation sanguine).